Avec les deux représentations archipleines de la pièce «Oscar» au Théâtre du Pré-aux-Moines, c’est un autre triomphe que l’on peut mettre au crédit des Amis du Boulevard Romand.

Le weekend passé, ils ont fait se gondoler le public avec cette comédie en trois actes de Claude Magnier, représentée pour la première fois au théâtre de l’Athénée Louis Jouvet à Paris en 1958. À l’époque, les rôles principaux ont été créés par Pierre Mondy, Jean-Paul Belmondo et Maria Pacôme. Mais la pièce connaîtra un succès fulgurant dès 1959 lorsqu’un certain Louis de Funès reprendra le rôle du chef d’entreprise Bertrand Barnier confronté à une multitude de tuiles dans l’espace d’une matinée. Pour imager mieux la chose, on reprend volontiers l’expression de Jacques Chirac: «Les emmerdes, ça vole toujours en escadrille »…

La carte « vintage »

600 représentations de cette pièce pour De Funès et un film à la clé, en 1967, avec un «Fufu» déchaîné et survolté qui reprendra notamment la scène célébrissime du baron boutonneux, lors de laquelle il mime un avion mitraillant son propre visage de boutons d’acné! Quand un acteur investit avec un tel génie un personnage de fiction, il devient difficile pour les successeurs de jouer une partition personnelle originale. On se doute bien que le fabuleux Pierre Aucaigne a été placé devant cette question cruciale: «To be or not to be Louis de Funès»? Il y a répondu de façon intelligente, en étant proche et éloigné à la fois du regretté Gendarme de Saint-Tropez.

À Servion les 5, 6 et 7 avril

L’autre bonne idée de cette version romande, mise en scène par Antony Mettler, c’est d’avoir joué la carte «vintage». Les costumes et les musiques nous plongent dans les années 1970, ce qui fait passer la pilule plus facilement d’une intrigue qui a bien vieilli et notamment d’une exposition trop longue dans le premier acte. À l’époque du stand up où les humoristes construisent leurs spectacles de façon à ne laisser pas plus de 20 secondes entre chaque rire, on constate que les portes qui claquent et les quiproquos ont fait leur temps.

Mais ne boudons pas notre plaisir, car l’autre arme des Amis du Boulevard Romand, c’est le rythme. Dès le deuxième acte et jusqu’à la fin, on est emporté dans la danse, grâce à une distribution vitaminée. Entourant Aucaigne, il y a Maria Mettral, Anne-France Tardiveau, Maud Laedermann, Véronique Mattana, Vincent Kohler, Florian Sapey (formidable dans le rôle du masseur bas de plafond et aux douloureuses poignées de main) ainsi que Jacques Vassy, auquel on doit aussi la construction des beaux décors.

Pour ceux qui ont manqué la représentation de Cossonay, la troupe est en tournée jusqu’au 11 mai, avec notamment une escale au Théâtre Barnabé à Servion les 5, 6 et 7 avril prochain.

Pascal Pellegrino

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