En partant de zĂ©ro pour monter une Ă©quipe fĂ©minine M15 (football dâĂ©lite des juniors de 13 et 14 ans), le FC La SarrazEclĂ©pens faisait un pari risquĂ©. Il est dâores et dĂ©jĂ rĂ©ussi Ă en juger par lâĂ©tat dâesprit de ces joueuses soudĂ©es et dĂ©terminĂ©es Ă progresser. Notre reportage, en marge de leur match face au FC Lonay, le prouve.
Un entraßneur bluffé!
Vous en connaissez beaucoup vous des Ă©quipes de foot qui encaissent un 15-0 sans jamais baisser les bras et dont les joueurs restent «fiers, motivĂ©s et la banane jusquâaux oreilles» malgrĂ© tout? Nous aucune, tout au moins jusquâĂ vendredi passĂ©! Et Thierry Rochat non plus, jusquâĂ ce quâil se mette en tĂȘte de monter et dâentrainer le «onze» fĂ©minin des moins de 15 ans du FC La Sarraz-EclĂ©pens. «Tout a dĂ©marrĂ© un peu par hasard. Ma fille de 10 ans jouait au foot Ă toutes les rĂ©crĂ©s et je lui ai proposĂ©, ainsi quâĂ ses copines, dâorganiser un vĂ©ritable petit entrainement un mercredi histoire de progresser un peu. La chose a eu tant de succĂšs quâon a fait un flyer et que 40 filles se sont pointĂ©es au second», explique le quadragĂ©naire ravi.
Au final, les dix-sept jeunes filles les plus motivĂ©es se sont entrainĂ©es tout lâautomne. Pour le plaisir tout dâabord, puis ce qui devait arriver arriva: avec lâidĂ©e de former une Ă©quipe et de se lancer dans un championnat.
Les M15 du FC La Sarraz-EclĂ©pens ne constituent pas la premiĂšre Ă©quipe fĂ©minine de notre rĂ©gion Ă©voluant dans cette catĂ©gorie. Leurs homologues du FC Echallens les ont prĂ©cĂ©dĂ©es. Question enthousiasme en revanche, ces footballeuses en herbe semblent battre des records! GrĂące Ă lui et malgrĂ© leur inexpĂ©rience, elles ont rĂ©ussi Ă gagner leur premier match officiel sur le score de 2 Ă 0 Ă la fin mars. MĂȘme les garçons de leur Ăąge, qui les regardaient dâun Ćil moqueur et condescendant au dĂ©part, les encouragent dĂ©sormais avec bienveillance.
Thierry Rochat, qui a entrainĂ© plusieurs Ă©quipes masculines, est soufflĂ© par lâesprit dâĂ©quipe de ses protĂ©gĂ©es. «Quâil pleuve, quâil vente, quâil neige, elles sont Ă lâentrainement. Elles sâencouragent et contrairement aux garçons, ne tombent pas dans la fiertĂ© mal placĂ©e. Elles sont rĂ©ceptives aux consignes et, avec elles, inutile de se rĂ©pĂ©ter vingt fois pour ĂȘtre entendu, mĂȘme si ça papote sec aussi parfois!»
Elles progressent vite
RĂ©sultat: les Rouges et Noires progressent vite! Si bien que certaines se prennent mĂȘme Ă rĂȘver tout haut de rivaliser un jour avec une Ă©quipe de garçons Ă lâinstar dâAnela Muharemovic. «Jouer dans cette Ă©quipe soudĂ©e en se donnant Ă fond est une fiertĂ©. Nous montrons que les filles ont le mental et le physique pour y arriver», assĂšne lâado de 14 ans dont le regard dĂ©cidĂ© semble trahir dĂ©jĂ la forte femme quâelle ne manquera pas de devenir.
Elsa Parmigiani acquiesce. Du haut de ses 13 ans, cette ado, grande admiratrice de Cristiano Ronaldo, a Ă©tĂ© bombardĂ©e capitaine de son Ă©quipe. Non pas car Carlos Verde, son entraineur-adjoint de papa, lâaurait pistonnĂ©e mais parce quâelle est lâune des plus expĂ©rimentĂ©e et passionnĂ©e du groupe et quâelle nâa pas peur de donner de la voix lorsque cela est nĂ©cessaire.
Aliya Mckie a de son cĂŽtĂ© dĂ» vaincre quelques rĂ©ticences maternelles pour sâessayer au football. «Mon grand-pĂšre Ă©tait entraineur et, depuis toute gamine, je voulais jouer au foot, mais ma mĂšre disait Ă chaque fois que câĂ©tait trop dangereux pour une fille», se souvient en souriant la dĂ©sormais la «dĂ©fenseuse» de 13 ans.
Prochain match le 1er mai
Certains parents, il est vrai, ont tiquĂ© en silence au dĂ©but de lâaventure. Tous semblent dĂ©sormais conquis. MĂȘme Sergio Barata, un ancien joueur amateur confessant avoir longtemps considĂ©rĂ© le foot fĂ©minin avec dĂ©dain, est aujourdâhui fier de sa belle-fille Adriana, qui joue dans lâĂ©quipe et concĂšde: «à haut-niveau, le jeu des Ă©quipes fĂ©minines est plus fin et plus direct que celui des hommes et elles ne se roulent pas par terre pour obtenir tromper lâarbitre.»
Autour de lui, dâautres parents suivent la rencontre avec le mĂȘme enthousiasme que si câĂ©tait la premiĂšre finale de Coupe du Monde de
la Nati. La complicitĂ© de leurs filles est palpable et contagieuse. Leur joie de jouer, mĂȘme maladroitement, fait plaisir Ă voir. Leur dignitĂ© dans la dĂ©faite aussi.
On sent que cette petite aventure au moins aussi humaine que sportive, les a dĂ©jĂ fait grandir. En confiance, en gĂ©nĂ©rositĂ©, en sens de lâeffort et mĂȘme en fĂ©minitĂ©. Leur prochain match Ă domicile se dĂ©roulera le mercredi 1er mai Ă 19h face au FC Echallens RĂ©gion. Ne manquez pas cette occasion de vous laisser Ă©clabousser par leur «positive attitude»!
Texte et photos Laurent Grabet