«Ce n’est qu’avec le passé que l’on fait l’avenir». Cette phrase pertinente d’Anatole France est citée par le syndic Alberto Mocchi, en préface du livre «Daillens chemin de vies en terre vaudoise», remarquable ouvrage conçu par la journaliste et historienne Corinne Chuard, qui a bénéficié d’une soirée de vernissage le 15 septembre dernier dans une salle Jean Villars-Gilles noire de monde et en présence de la conseillère d’Etat Cesla Amarelle.

Journalisme et Histoire

Pourquoi cette phrase est-elle pertinente? Parce que tout futur qui ne se construit pas sur les fondations d’un passé sera automatiquement détruit, éparpillé par petits bouts, façon puzzle, comme aurait dit Michel Audiard. «Cet ouvrage se veut un travail de mémoire, poursuit le syndic, et un tribut à ces «Rondzes-boulis» (sobriquet des Daillenais signifiant les mangeurs de bouilli) qui ont vu leur commune traverser le 20e siècle et qui l’ont accompagnée tout au long des évènements de la grande Histoire, comme des petites.»

La force de l’auteure de ce livre est d’avoir su mêler ses deux métiers, le journalisme et l’histoire. Cette mixture ingénieuse donne un livre écrit avec de multiples articles, de multiples nouvelles brèves, le tout mis en page par une magicienne, Joanne Matthey, qui a réalisé un travail graphique de toute beauté. L’impression qui ressort lorsqu’on feuillette les 211 pages de cet ouvrage est qu’on peut le déguster petit à petit, en n’ayant jamais de gros pavés de textes à avaler. Au contraire, comme dans un apéritif, on peut picorer ça et là.

De 416 à 1048 habitants

Et c’est peu dire que l’on y apprend beaucoup de choses: au début du XXe siècle par exemple, Daillens compte 416 habitants, autant qu’en 1850 et autant qu’en 1950! Comme si, en cent ans, le village n’avait pas bougé! Septante-et-un ans après, et depuis la naissance de la petite Margo le 7 janvier 2018, le village compte désormais plus de mille habitants (1048 en 2020).

L’Echo de la Molombe

On apprend également que ce n’est qu’en 1920 qu’un premier Daillenais est relié à la ligne téléphonique du village; On constate sur un extrait de comptes écrits à la main en 1939 que la bourgade est en déficit, ses dépenses annuelles s’élevant à 42’123 francs pour 34’459 francs de recettes; plus loin, on peut se plonger avec délectation dans une reproduction du cahier de compositions de Henri Francillon en 1921, qui fait un passionnant état des lieux de Daillens à cette époque; on découvre encore une carte des commerces et lieux publics en 1950; on est aussi interpelé par la constante disparition des exploitations agricoles, qui furent une cinquantaine en 1900 et qui sont au nombre de treize aujourd’hui (chiffre qui va encore baisser en 2022); sur le plan culturel, on se souvient de la fanfare La Lyre, fondée en 1945 et… se fondant avec la Villageoise de Penthalaz dans L’Echo de la Molombe en juillet 2012, sous la direction de Jean-Pierre Bourquin (formation qui, soit dit en passant, a «scotché» l’auteur de ces lignes par la qualité de ses interprétations lors de la dernière Fête du village de Daillens)…

Une fondation à l’avenir ?

Des anecdotes, il y en a à foison dans ce livre imprimé à mille exemplaires (sur papier recyclé, précise le syndic) et qui est à commander au prix de 25.- auprès de l’administration communale. Et Alberto Mocchi d’ajouter que la Municipalité va écrire à l’Association de Développement Région Gros-de-Vaud pour que celle-ci étudie l’opportunité de créer une fondation dont le but serait de recueillir le patrimoine historique du district au travers de ses 37 communes.

Pascal Pellegrino

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