Samedi et dimanche dernier, le concert annuel du ChĆur Mixte de La Sarraz a enchantĂ© un public venu nombreux au temple pour Ă©couter la quarantaine de choristes dans un rĂ©pertoire variĂ© dâune douzaine de compositeurs diffĂ©rents.
Direction de Paul Kapp
La musique a ceci dâextraordinaire quâelle permet de rejoindre une part de lâĂȘtre qui ne relĂšve ni de lâintellect, ni du matĂ©riel. Qui pourrait rĂ©ellement expliquer les raisons de ces Ă©motions ressenties Ă lâĂ©coute de piĂšces dont la production fait communier les spectateurs dâaujourdâhui avec ceux dâalors?
Lorsque la beautĂ© touche Ă ce point-lĂ Ă lâexpĂ©rience sensorielle, les remarques thĂ©oriques doivent sâeffacer devant la profondeur dâun vĂ©cu dâordre quasi-spirituel qui transporte chacun dans des contrĂ©es qui ne semblent plus appartenir Ă ce monde.
Câest bel et bien Ă un voyage musical quâa proposĂ© le ChĆur Mixte de La Sarraz, sous la conduite professionnelle du directeur Paul Kapp, ancien membre de lâEnsemble Vocal de Lausanne. Magnifiquement accompagnĂ© au piano par Guillaume Moix et bĂ©nĂ©ficiant du charisme de la soprano Vera Kalberguenova qui a sublimĂ© les performances de chacun, le chĆur a interprĂ©tĂ© quinze morceaux allant de Henry Purcell, compositeur anglais du XVIIe siĂšcle Ă Morten Lauridsen, artiste amĂ©ricain nĂ© en 1943, en passant par Rameau, Mozart, Schumann, Mendelssohn, etc.
Une cohésion harmonisée
Au milieu de la reprĂ©sentation, le Madrigal de Gabriel FaurĂ© a servi de titre rĂ©vĂ©lateur de lâessence mĂȘme du chĆur. Formidable dans la qualitĂ© de ses rĂ©pons mettant en lumiĂšre les apports successifs des diffĂ©rentes voix pour mieux donner Ă percevoir lâimportance de lâunitĂ© dans la diffĂ©rence, cette piĂšce explore la puissance dâune cohĂ©sion harmonisĂ©e. Ce faisant, câest un programme plus vaste encore que la musique qui apparait dans ces instants de contemplation: un dialogue entre langues, siĂšcles, pays, une conversation oĂč chacun exprime ce qui fait sa particularitĂ©, le tout liĂ© par la beautĂ© de lâart et par cette impression de faire partie dâun ensemble cohĂ©rent.
Le ChĆur, en tant que sociĂ©tĂ© villageoise, affirme ainsi la possibilitĂ© de vivre le dialogue dans nos rĂ©gions. Et il nâa pas fini de nous inviter au voyage. 2019 marquera ses 60 ans. Rayonnant aprĂšs ce weekend rĂ©ussi, son prĂ©sident François Cloux rĂ©vĂšle que lâopĂ©rette «Belle Lurette» dâOffenbach sera interprĂ©tĂ©e pour lâoccasion.
Texte et photo Jonathan Muller