ÉCOLOSCOPIE

Soyons honnêtes, je casse les pieds à tout mon entourage avec l’écologie, en mode «Ton copain, il vient seul en voiture jusqu’ici? Pourquoi n’a-t-il pas pris le train? Ah, il fait un jardin sans mettre de produits, bon alors ça va». Je montre à mon cher et tendre comment laver la vaisselle sans eau (c’est sa lecture), je lui explique qu’on ne doit plus acheter des olives dans ces bols en plastique pas réutilisables même si elles sont bonnes. Bref, je suis lourde (mais j’ai raison).

J’ai entendu l’autre jour quelqu’un dire: «Ce sera aux jeunes d’aujourd’hui de changer le monde» (ou quelque chose du genre). Il paraît que la police qui venait faire de la prévention dans les écoles à Lausanne en emmenant les enfants pour une virée à vélo a mis un terme à cette pratique parce que les jeunes d’aujourd’hui ne sont plus capables de tenir le guidon en jetant un œil en arrière sans tourner. Ils ne dissocient plus tête, bras, regard. Et ils tombent. C’est vrai que quand tout se passe devant un écran on n’a pas besoin de croiser la ligne médiane de son corps. Alors j’émets un doute quant à leur potentiel à sauver le monde, perso. Bien sûr, ne désespérons pas, toute la jeunesse d’aujourd’hui ne tourne pas autour de faux cils de huit centimètres cube et de canettes de Redbull. C’est bien joli de critiquer et de paniquer (la météo des dernières semaines avec ses averses apocalyptiques stroboscopiques et ses bouffées de canicule et les sympathiques bourrasques qui rythment le tout me laissent entrevoir le pire pour demain) mais MOI AUSSI je peux mieux faire. J’ai récemment repassé une «écoloscopie» (comme dirait P.) pour voir si le terrain s’assainissait. Prendre mes Tupperwares pour aller au marché c’est ok, les serviettes en tissu, les cotons démaquillants lavables, peut-être même les mouchoirs en tissu, c’est en chemin, j’utilise beaucoup moins ma voiture qu’avant et ma boîte e-mail est toujours bien rangée (je ne garde que le nécessaire).

Mais je me sens nulle de ne pas sauver le climat. Puis, l’autre jour, dans le local des guichets CFF je m’occupais en regardant l’achalandage des rayons (ils vendent des trucs, comme à la Poste et j’avais un ticket 32 pour un écran qui indique 18, comme à la Poste) et je me suis écriée en moi-même: tous ces gadgets et objets superflus qui coûtent une pétée d’eau, de charbon et d’électricité pour être produits!

La décroissance, ce n’est pas bien compliqué, il suffit d’arrêter de fabriquer le 80% de ce qu’on fabrique dont on n’a pas besoin. Soit dit en passant, je n’ai pas réussi à obtenir un billet de train pour la France, y en avait plus en rayon. Je ne comprends pas ce monde dans lequel on vit.

Magali Charlet

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