AVENTURE – AVEC MORGANE, JEAN-DAVID L’HOSTE-LENHERR ET MIRABELLE, LEUR FILLE DE 19 MOIS

En 2019, ils avaient créé la compagnie «Le Théâtre circulaire » dont la valeur principale est le mouvement. Mouvement du corps, mouvements des comédiens se déplaçant de lieux en lieux, mouvements des spectateurs qui assistent au spectacle. À l’époque, c’était «Roulé-Boulé» qu’ils ont transporté sur deux roues à travers la Suisse, avant de mettre le cap sur l’étranger. Au fil des kilomètres, des semaines, des nombreuses rencontres et du slalom incessant entre les «portes du Covid», le projet a évolué et il est devenu «Trait d’Union», qui donnera peut-être naissance à une autre création. Dans ce sens, Morgane et Jean-David L’Hoste-Lenherr se posent des questions sur ce monde qui change, sur leur rôle de parents, sur les valeurs à transmettre. Pour ce faire, ils interrogent des gens croisés sur la route et ils tiennent à jour ces rencontres et mettent sur papier leurs réflexions et doutes qu’ils feront lire plus tard à leur fille Mirabelle.

Un spectacle avec 67 portes

En parallèle aux aventures et découvertes du trio que le Journal de la Région de Cossonay suit depuis plusieurs mois, un autre projet prend corps pour la compagnie. Il s’intitule «Porte-à-Faux», une pièce itinérante transportée dans un camion tirant lui-même une charmante roulotte en bois. Ce convoi sera accompagné d’un fourgon et d’une caravane foodtruck. Ce cortège déambulera en Suisse d’août à octobre 2022 pour un spectacle réunissant deux comédiens, un musicien et 67 portes! Des petites, des grandes, des coulissantes, des tournantes, qui emmèneront le public dans des histoires rocambolesques au sein d’un univers absurde.

Dans notre édition du 11 juin, nous avions abandonné le trio au bord de la mer de Marmara (Turquie) où la petite Mirabelle s’empiffrait de loukoums!

Des bouses sur les vélos

Les pauses plus ou moins longues dans divers endroits permettent des sortes de «retours en arrière». Morgane a ressenti un moment de panique quand «on a traversé une réserve naturelle où des troupeaux de vaches et taureaux broutaient en liberté. Je n’étais pas à l’aise en passant près de ces animaux. Comme le soir tombait, on a posé notre tente près d’une pizzeria désaffectée, lieu de rendez-vous du bétail pour la nuit. J’ai eu peur quand les vaches approchaient et je me voyais déjà piétinée par un taureau. Le matin, au réveil, des bouses partout, aussi sur nos vélos!»

Pour Jean-Daniel qui s’était mué en cuistot pour une colocation où ils logeaient, le stress est venu quand le nombre de convives prévus a quasi quintuplé! «J’ai alors rallongé au maximum la sauce tomate de mes pâtes préparées à la Suisse. Tous ont été ravis!»

Au début d’un tel périple, les voyageurs planifient les étapes, les haltes et le ravitaillement. Cependant, au fil des jours, ces soucis s’estompent et les cyclistes gardent l’esprit libre pour pédaler et profiter de l’instant. Avec 10’000 km au compteur et en contemplant une mappemonde, Jean-Daniel a l’impression de faire partie intégrante de la Terre, de sentir chaque relief, de visualiser tous les efforts nécessaires en observant le tracé entre deux points sur le globe, de pratiquer une introspection personnelle fondatrice et, comme l’a dit Marguerite Yourcenar, de «palper la rondeur du monde».

Sacrée surprise !

Après l’Albanie, en Cappadoce (Turquie), la période s’est avérée difficile car le trio est tombé malade. Mirabelle n’allait pas bien, la Centrale des Médecins en Suisse a été appelée et, «en réhydratant la petite avec une cuillère, j’ai pris conscience de notre responsabilité en tant que parents et je ne me suis jamais fait autant de souci pour quelqu’un».

Père et fille se sont rétablis, mais pas Morgane, souffrant toujours de nausées. Que faire? «Arrivés en
Géorgie, on a acheté un test de grossesse et là, sacrée surprise: Morgane est enceinte! Cette nouvelle nous a tant fait plaisir qu’on volait sur nos vélos!»

Il était prévu que le trio rentre en Suisse pour un mariage. «Nos bicyclettes sont en Moldavie, nous allons les chercher le 28 octobre pour un retour tranquille chez nous début janvier, soit, à vue de nez, quelque 2500 km avant l’accouchement prévu en mars.»

À terme, la dynamique du voyage est modifiée, «mais on se dit qu’on repartira avec les deux enfants, car l’envie est trop forte en regard de tout ce que nous avons déjà vécu!»

Claude-Alain Monnard

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