Samedi dernier, les producteurs de lait livrant leur production à La Fromagerie gourmande de Montricher et leur fromager, Etienne Aebischer, ont organisé un marché artisanal et monté une cantine pour fêter les dix ans d’activité de leur fromagerie de démonstration, mais aussi du magasin et du restaurant qui y sont intégrés.
Affluence massive
Le public de la région a massivement répondu présent. Gérante du restaurant depuis mars 2024, Jocelyne Penel et son équipe ont eu fort à faire en cuisine et au service pour répondre aux demandes des visiteurs. Cette affluence a bien sûr ravi le président Fabien Coeytaux, habitant de Ballens: «Je suis très heureux de voir un public aussi nombreux nous accompagner pour cet anniversaire. Mais surtout, de pouvoir compter sur un fromager talentueux et, au restaurant, sur une tenancière expérimentée et toujours souriante».
Quand Trump s’en mêle
L’aventure a débuté avec la fusion des sociétés de laiterie d’Apples, Ballens et Montricher. Soit vingt-trois producteurs de lait totalisant un contingent de production de 4’700’000 kilos de lait pour produire du gruyère AOP. Aujourd’hui, ils ne sont plus que dix-sept producteurs avec un contingent qui a été porté à 5’800’000 kilos.
Mais voilà que la fête a été gâchée par l’imprévisible président américain Donald Trump et sa taxation de 39% sur le Gruyère en provenance de Suisse. Etienne Aebischer nous a expliqué les mesures qui sont prises avec effet immédiat sur l’ensemble de la filière: «Notre contingent annuel de production de gruyère a été diminué de 5% et cette diminution doit s’appliquer sur les cinq mois restants, ce qui veut dire une diminution effective de plus de 10%. Par ricochet, les producteurs devront eux aussi diminuer leur production avec pour conséquence une réduction de leur cheptel».
En temps normal, des surplus de lait moins importants pouvaient être valorisés sous forme de yoghourts, mais aussi par le biais d’un fromage à pâte mi-dure créé par Etienne Aebischer, baptisé «Gourmandise», qui peut être dégusté sous forme nature, aux épices ou affiné avec des vins de la production de Jean-Daniel Coeytaux de Yens. Une spécialité qu’il vaut la peine de découvrir pour sa texture et sa saveur unique!
Malheureusement, et malgré leurs qualités, ces productions locales et originales ne sont pas à même de pallier la diminution de production exigée par les circonstances. Malgré ces aléas, Etienne Aebischer reste confiant et espère que les dix prochaines années se passeront aussi bien que les dix premières! ■
ARNOLD GRANDJEAN
