Histoire de famille au Domaine des Cruchon

Fondée par Henri Cruchon, l’entreprise viti-vinicole a fêté cet automne ses cinquantièmes vendanges pressées au battoir de Cottens! Une belle histoire de famille et une belle réussite économique, qui s’est développée à Echichens et environs pour la production des raisins, puis à Cottens pour le pressage, la vinification et la mise en bouteilles, avant un retour à Echichens pour le remisage du matériel viticole, le stockage des bouteilles et le local de vente au centre du village.

Trois générations

En 1954, Henri et Roland Cruchon exploitent ensemble le domaine de La Cave du Signal. Ils achètent le battoir de Cottens en 1966 pour en faire un dépôt. En 1975, ils décident d’une séparation avec la création de deux entreprises indépendantes. Henri reprend le bâtiment de Cottens et change son affectation. Le rez du battoir, semi-enterré, est aménagé en cave et des pressoirs sont installés à côté. Une unité d’embouteillage avec stockage provisoire prend place à l’étage.

À ce moment de l’histoire, Raoul a 16 ans. D’abord caviste, il se formera pour devenir l’œnologue maison. Son aîné, Michel, qui chapeautera l’exploitation des vignes, est en apprentissage de vigneron. Henri et ses fils créeront une société à trois. En 2011, elle sera transférée aux deux fils. Mais les années passent et en 2023, la société est cédée à la nouvelle génération représentée par Catherine, œnologue et fille de Raoul, Yaëlle, formée à l’administratif et Laura, vigneronne, toutes deux filles de Michel. Ces trois personnes sympathiques sont les nouvelles figures du Domaine Henri Cruchon. Inutile de préciser qu’elles font le bonheur et la fierté de leur grand-papa. Et la vente dans tout ça? «C’est une activité très importante dans laquelle chaque membre de la famille est impliqué», répond Raoul.

Jusqu’en 1982, le site du battoir n’a pas subi de modifications. Mais suite à la pléthorique récolte de ce millésime, il est décidé de construire une annexe côté lac. Cela a permis d’agrandir la cave et la zone de stockage. Plus tard, une nouvelle annexe sera construite côté Jura pour y aménager, au rez, un chai à barrique pour les blancs et, à l’étage, un chai pour les rouges. La surface encavée passe alors de 10 à 40 ha avant de redescendre à 30 ha, depuis que l’ensemble des raisins pressés est issu de cultures en biodynamie. Cette méthode introduite en 2000 est devenue la règle à Cottens. L’innovation et la recherche de qualité ont motivé les trois générations, à l’image de Catherine qui œuvre à la mise en place d’une solution écologique de réutilisation des bouteilles.

De 4 à 22 cépages!

À ses débuts, le domaine Henri Cruchon cultivait deux cépages blancs et deux noirs, contre 22 cépages différents aujourd’hui (neuf blancs et treize rouges), permettant d’élaborer 35 vins dont un en méthode dite traditionnelle!

Le 24 mai 2022 l’incendie du battoir a été un événement traumatisant pour la famille. La vendange qui a suivi a été pressée sous les bâches de l’échafaudage protégeant la cave qui, elle, avait survécu. Si la famille est soudée, elle l’est aussi avec ses collaborateurs de longue date, comme Oscar Gros, chef du pressoir durant 48 années, et les nombreux travailleurs originaires du Portugal, de Pologne ou d’ailleurs, qui reviennent chaque année pour l’effeuillage ou les vendanges.

Aujourd’hui, lauréats de plusieurs distinctions, certains vins du domaine sont exportés jusqu’aux USA et au Japon. Et face à la crise actuelle de la baisse des ventes des vins suisses, Raoul se veut optimiste: «On trouvera des solutions». L’une d’elles consiste, si l’on est amateur, à consommer local! ■

ARNOLD GRANDJEAN

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