Ce village qui joue au badminton à l’échelle romande

Au bout du village de Vufflens-la-Ville, dans la lumière crue de la grande salle, se passe quelques soirs par an ce qu’un des fondateurs du club de badminton, le professeur à la retraite Jean-Claude Stucky, appelle avec gourmandise «une jolie histoire». Cette bourgade de 1200 habitants y dispute en effet le championnat de deuxième ligue. Elle défie des clubs issus d’autres cantons et de localités bien plus grosses qu’elle, Sion, Neuchâtel, Lausanne.

« Maurine, ne lâche rien ! »

Ce vendredi 5 décembre, c’est l’équipe légèrement mieux classée de Mandement Genève qui lui rend visite. Depuis la galerie, on entend des encouragements: «Allez Maurine, ne lâche rien!», «Bien Marc, bonne défense!», tandis que les volants sont propulsés plus ou moins traitreusement de part et d’autre du filet. Dans ce sport mixte par excellence, les rencontres se déroulent au meilleur des sept matchs. Ce soir-là, si le score tourne finalement à l’avantage des Genevois, la saison du BCV (oui, comme la banque) n’en reste pas moins remarquable pour un néo-promu: quatre victoires récoltées en six rencontres, dont une majorité jouée à l’extérieur. Toute menace de relégation est déjà écartée.

La promotion en deuxième ligue, fréquentée depuis début septembre, le club l’a obtenue l’été passé de façon un peu inattendue. Défait en finale des play-offs par Vevey après avoir dû se priver de ses meilleurs joueurs, Vufflens a bénéficié du forfait de cette équipe, en manque de joueuses féminines, comme souvent dans le badminton. Quand la fédération lui a demandé de monter malgré tout, le BCV a accepté avec appétit.

Plus de quarante juniors

La deuxième ligue constitue une sorte de consécration pour un club fondé en 2008 autour de quelques familles, dix ans après la construction de la grande salle. «Nous avons commencé en cinquième ligue, sourit le cofondateur et électronicien Vu Tran, nous faisions alors plutôt le concours du club qui recevait le mieux ses convives… Puis nos jeunes ont joué toujours mieux, c’est devenu trop facile pour eux. Nous les avons suivi en grimpant d’échelon en échelon.» En quatrième ligue, des entraîneurs de valeur comme l’ex-champion de Suisse David Perret ont fait franchir des paliers. Jusqu’à installer le club des bords de la Venoge en deuxième ligue. Avec en outre la présence de deux autres équipes en quatrième ligue et d’une en cinquième, jamais il n’a été aussi bien représenté.

Un club comme une tribu

En conséquence, une réelle émulation se produit, un effet boule de neige avec des inscriptions tous les mois. Plus de quarante juniors s’ébattent désormais plusieurs fois par semaine, dont une bonne moitié de débutants. Il arrive à Vu Tran d’en emmener une vingtaine à la fois avec lui dans les compétitions juniors: «Nous sommes toujours le club qui envoie le plus d’enfants. Je dis que c’est ma tribu et je suis très attentif à l’esprit: chez nous, il n’y a jamais aucun geste déplacé. Ce qui me fait le plus plaisir? Je remarque que beaucoup osent maintenant aller dans les tournois, qu’ils surmontent leurs peurs, qu’ils s’encouragent entre eux. Je leur dis que ce n’est pas grave s’ils perdent.» Pour donner envie de commencer ce sport de famille, il faut parler de l’exigence physique, du coup d’œil nécessaire, de l’habileté omniprésente. Et du fair-play: Ici pas d’arbitre, en cas de doute on remet le point en jeu.

Faire venir le public

Tout marche si bien que le club et son président Etienne Brajon se sent un peu à l’étroit. La nouvelle salle du Verger, à Penthalaz, pourrait être un espoir. Les projets fourmillent. Le club espère décrocher des soutiens grâce à un système d’ambassadeurs auprès d’entreprises. Il envisage, à travers Vu Tran et Swiss Olympic, de créer un label commun aux quatre clubs de sport du village (gymnastique, tennis, karaté) pour accueillir des enfants avec un handicap.

Le rêve de Jean-Claude Stucky, il le glisse autour du repas convivial traditionnellement préparé pour les deux équipes après le match: «Réussir à faire venir une quarantaine de spectateurs. Parce que nous sommes au niveau romand, avec une belle qualité de jeu. Et que les Vaudois ont les meilleurs clubs en Suisse.» ■

MARC DAVID
@bcvufflens.ch

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