Il était un personnage hors norme

Le peintre et illustrateur Willy Richard «a réalisé son dernier tour de piste le 22 avril 2025, dans sa 85e année, en prenant la ligne droite du ciel sans retour». C’est avec cette formule émouvante que la famille de cet artiste hors norme l’a laissé rejoindre les étoiles, au terme d’un combat avec la maladie.

En 2006, dans un portrait de la rubrique «Gens d’ici» réalisée par Claude-Alain Monnard pour notre hebdomadaire, celui qui était le fils de l’ancien laitier de Gollion déclarait: «Il faut vivre intensément le moment présent; en me levant le matin, je dis merci à la vie et je prends les choses comme elles viennent. Je ne planifie rien. De toute façon, qu’est ce que tu veux prévoir? Tu sais que tu vas mourir un jour ou l’autre. Alors voilà!»

«Il était un personnage atypique, jouissif et très inventif au niveau de son art, un véritable artiste, se souvient Pierre-André Pernoud, syndic de Gollion. Très généreux, il aimait le contact avec les gens.» Et cette facilité qu’il avait de tisser des liens décrit toute sa vie, notamment dans l’univers de la Formule 1, où il a côtoyé l’élite de ce sport.

Le besoin de peindre gigantesque

Ce coup de foudre absolu pour la F1, il l’a eu à l’âge de 18 ans, en 1958, en se rendant aux 24 heures du Mans. Pour se rapprocher des bolides, il se déguisait en mécano, poussant une roue pour faire plus vrai. Et plus on le mettait à la porte, plus il recommençait, jusqu’au moment où il a été accepté dans ce monde-là. Willy Richard était présent partout et il a rencontré tout le monde, de Fangio à Senna en passant par de Graffenried, Prost et Regazzoni. En suivant sa trajectoire, on croise aussi des champions de moto, des architectes et d’autres passionnés de F1 comme son ami Jean Tinguely.

De tout temps il a dessiné, il a fait des croquis dans son carnet, et son atelier à Gollion – surnommé le Transporcherie, car Willy avait investi l’ancienne porcherie du village en1999 – était rempli de centaines de dessins et de peintures. «J’ai besoin de peindre gigantesque. Je me sens plus à l’aise dans l’espace», confiait il. Et toutes les superbes fresques qu’il a peintes dans notre région sont encore là pour le prouver.

Quatre Grand-Prix F1 à Gollion !

Et la première marche de l’inoubliabilitude lorsqu’on évoque Willy Richard? C’est bien sûr les fameuses quatre éditions du Grand-Prix de Gollion! Entre 1983 et 1990, il a réussi le tour de force de réunir sur le territoire de sa commune les plus prestigieux pilotes de l’histoire de la Formule 1, ainsi qu’une foule de gens se pressant pour voir vrombir les voitures de course. C’était une pure folie sans le moindre doute, mais a-t-on jamais passionné les gens avec de l’ordinaire et du convenu?

«J’irai au bout de mes rêves où la raison s’achève», chantait Goldman. Ce refrain colle tellement bien à la peau de Willy Richard… À sa famille en deuil, nous présentons nos plus sincères condoléances.

PASCAL PELLEGRINO, RÉDACTEUR EN CHEF DU JOURNAL DE LA RÉGION DE COSSONAY

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25 avril 2025Infos