Cher compagnon, cher Gouminet,

Avec quels mots t’appeler, où te chercher? Voilà quinze jours que tu n’es pas revenu à la maison, que tu n’as pas touché à ton assiette avec les croquettes. L’eau de ta coupelle s’évapore tristement…

Ce matin à Grancy, une silhouette se faufile furtivement sur les pavés de la cour jusqu’à un coin d’ombre, sous un tracteur. Un joli chat blanc et roux me regarde d’un air interrogateur: «Où est Gouminet?» Ces petits félins ressentent ce qui nous préoccupe.

Les lecteurs et lectrices de cette rubrique se demanderont: «Quel rapport entre un chat disparu et ce tableau?» C’est évident, les chats ont toujours inspiré les peintres. Pensez à Balthus! Et pourquoi mon minet n’entendrait
rien à la peinture? Je peux parler de tout avec toi, car rien n’échappe à ta perception. Si tu étais ici, à côté de
moi sur cette allée de graviers, tu suivrais l’air de rien mes coups de pinceau et d’éponge (bien pratique pour marquer le feuillage). Tu te frotterais à mes jambes en signe d’amitié et aussi afin de m’encourager. Car tu comprendrais qu’il n’est pas aisé de traiter un sujet si riche en peu de temps, sous la chaleur écrasante. Puis, tu te faufilerais entre les arbustes (faisant fi des chemins tracés par les humains), intimidé par la dame prévenante qui m’apporte un verre d’eau bien fraîche.

La lumière transperce le feuillage, anime ma composition en rompant avec la symétrie de l’allée. Elle projette un découpage coloré, qui me fait penser aux rayures de ton pelage…

Gille Emmanuel Fiaux

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