« L’utopie serait de pouvoir travailler un jour Ă Hollywood ! »
Fin octobre 2020, on pouvait admirer une vitrine dâHalloween dans le concept store Little Cabbage de La Sarraz: des tĂȘtes coupĂ©es, des blessures sanguinolentes, des personnages grimaçants, des courges «fantastiques ». Des frissons chez les plus jeunes? MĂȘme pas, si ce nâest quelques interrogations. Lâauteur de ces effets spĂ©ciaux se nomme LĂ©onard Morzier, jeune gars de Dizy qui a suivi une formation dâartiste make-up de deux ans Ă Strasbourg. Dans cette profession, on pratique de la sculpture, du moulage, de la peinture; on utilise des matĂ©riaux variĂ©s tels que les silicones, la gĂ©latine, les rĂ©sines, le latex ou les mousses car il sâagit dâĂȘtre capable de maquiller des personnes, des modĂšles, des acteurs et de crĂ©er des prothĂšses donnant naissance Ă des ambiances fantastiques. «Lâoptique est de pouvoir travailler pour le cinĂ©ma, le théùtre, la TV ou dâautres domaines.» NĂ©anmoins, ce choix ne sâest pas imposĂ© de prime abord, puisque LĂ©onard a tout dâabord obtenu un CFC dâhorloger et quâil a ensuite travaillĂ© quatre ans dans la branche, sans y trouver son compte. «Mais jâavais envie de voir autre chose et, comme mon pĂšre est potier, jâai collaborĂ© avec lui pendant deux ans et demi. Pendant ce laps de temps, je suis allĂ© faire aussi une formation de quelques mois en Italie. Jây ai dĂ©couvert le modelage avec lâenvie de me perfectionner dans cet art.»
Grand «dĂ©voreur» dâimages, de films et de sĂ©ries TV, lâĂ©mission de tĂ©lĂ©-rĂ©alitĂ© «Face off» mettant en scĂšne des candidat(e)s passionnĂ©(e)s de maquillage et dâeffets spĂ©ciaux lâa «titillé». Il sâest donc renseignĂ© sur les possibilitĂ©s existantes et ses recherches lâont conduit Ă Strasbourg: «Cette Ă©cole mâa tout de suite plu et je suis trĂšs content dâavoir fait ce choix-lĂ . Nous avons reçu une formation solide au niveau de la sculpture et je pense avoir atteint un niveau acceptable. Bien sĂ»r, il faut pratiquer, encore et encoreâŠÂ»
Notons aussi que durant sa formation, il a rencontrĂ© son amie Laura exerçant la mĂȘme profession que lui. «Du coup, on sâentraide. Elle a son Ă©tabli ici et on bosse chez lâun ou chez lâautre!»
Voler de ses propres ailes
Dizy constitue le lieu oĂč LĂ©onard a grandi. «Jouer dehors avec les copains, sauter dans les bottes de paille, le skate board, voilĂ quelques pĂ©riodes de ma vie. Ado sans rĂȘves particuliers, je recherchais sans cesse un sentiment de libertĂ© et je fonctionnais assez au jour le jour.» Actuellement, son mĂ©tier constitue son hobby principal, mais il prend du plaisir dans la grimpe, lâescalade, la randonnĂ©e et le cinĂ©ma. Il se dĂ©crit comme un gars simple et modeste, essayant dâĂȘtre le plus juste possible et dâentretenir les amitiĂ©s. La patience constitue une des qualitĂ©s requises pour son job «car la sculpture est un art compliquĂ© et il faut souvent recommencer Ă maintes reprises.»
La vue de son papa potier a-t-il eu une influence sur son coup dâĆil artistique? «Difficile Ă dire! Je pense avoir beaucoup dâimagination et ça tourne sans cesse dans ma tĂȘte. Si je lis un bouquin, un mot me transporte facilement dans un autre univers, me faisant perdre le fil de lâhistoire. Un dĂ©faut qui peut ĂȘtre une qualitĂ© pour ce mĂ©tier!» LĂ©onard apprĂ©cie cette vie dâartiste et, ayant toujours eu un peu de mal avec lâautoritĂ©, son dĂ©sir Ă©tait de voler de ses propres ailes, mĂȘme si ce nâest pas toujours Ă©vident. Alors, bien sĂ»r, il effectue aussi maints boulots accessoires pour sâen sortir, prĂ©cisant Ă©galement quâil peut compter sur lâappui de ses parents.
Vivre dans un bus
LĂ©onard et Laura ont le projet de faire lâacquisition dâun bus, de le retaper et de le transformer de maniĂšre Ă ce quâils puissent y vivre. Le but sera de parcourir lâEurope en quĂȘte de recherche de travail et de prĂ©senter leurs rĂ©alisations. Pour eux, il est primordial dâaller dĂ©marcher dans des ateliers, de rencontrer les gens, de se montrer, de proposer leurs services et de se crĂ©er ainsi petit Ă petit un rĂ©seau. «Pour lâinstant, câest compliquĂ©, mais lâutopie serait de travailler Ă Hollywood avec des grands⊠Finalement, pourquoi pas? Il faut y croire!», conclut-il dans un large sourire.
Claude-Alain Monnard
PROFIL EXPRESS
HĂ©ros de fiction de lâenfance.
Je regardais les X-Men et mon personnage favori était Wolverine
Des musiques
Du rap des annĂ©es 90, du rock et de lâĂ©lectro
Des figures emblématiques dans votre profession
Tom Savigny, un virtuose de lâillusion; Rick Baker, spĂ©cialiste des masques et prothĂšses traditionnelles pour le cinĂ©ma fantastique; Dick Smith, le maĂźtre incontestĂ© de tous les grands
Un sujet qui fĂąche
Lâirrespect, les dĂ©chets au milieu de la forĂȘt, lâhypocrisie
Une attitude
Si on a du respect pour les gens, la réciproque existe
Une phrase
Ne pas suivre un chemin morne dans lâattente dâune vie aprĂšs la mort
Votre «drogue» favorite
Ma copine
Lâimportant
Me lever le matin avec le sourire. Mon amie, mes parents et mes amis y contribuent. Exercer un métier qui te rend heureux est primordial
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Votre atelier, câestâŠ
La campagne, lâambiance chaleureuse, la libertĂ©

