VOTATIONS FÉDÉRALES DU 13 FÉVRIER 2022

Dimanche 13 février, vous devrez notamment vous prononcer sur le paquet de mesures d’aide aux médias privés proposé par le Conseil fédéral et adopté par le Parlement en juin 2021.

Dès lors, vous vous doutez bien qu’en ma fonction de rédacteur en chef du Journal de la Région de Cossonay, je soutienne logiquement ce projet. Et ceci autant dans l’intérêt de notre hebdomadaire que dans votre intérêt, lectrices et lecteurs et, en particulier, abonnées et abonnés. Car ces mesures, à mes yeux, constituent une aide aux médias qui profite avant tout aux consommateurs de ceux-ci. J’y reviendrai plus loin.

On ne parle pas de milliards

Une chose est sûre: ce ne sont pas d’hypothétiques «millionnaires zurichois» qui vont profiter de soi-disant milliards des contribuables comme on peut le lire sur les publicités des opposants à cette aide aux médias. Déjà parce qu’on ne parle pas de milliards… mais de 90 millions par année (durant sept ans) à répartir entre 170 éditeurs en Suisse, le tout avec des dispositifs qui favorisent les petits et moyens éditeurs par rapport aux plus grands. Pour vous donner une illustration, notre hebdomadaire fait partie du groupe ESH Médias. Actuellement les titres du groupe (Le Nouvelliste, La Côte, ArcInfo, Journal de la Région de Cossonay, Gazette de Martigny et Journal de Sierre) perçoivent des aides à la distribution postale représentant environ 3% de l’ensemble des charges de ESH Médias. Demain, en cas d’adoption de la loi, ce pourcentage d’aide passera de 3% à moins de 9%. L’argument des milliards ne résiste donc pas à l’épreuve des faits et des chiffres.

Idem pour l’autre argument des opposants, selon lequel cette aide transformerait l’ensemble des parutions suisses en médias d’Etat. Il n’y a rien de plus faux. Cet argument est de l’ordre des «fake news» qui pullulent sur Internet. Franchement, comment un média pourrait-il décider de renier sa liberté d’expression pour toucher, sur une durée limitée à sept ans, des aides représentant une partie infime de ses charges? Si vous deviez vendre votre âme, la céderiez-vous pour si peu?

La presse suisse est libre et indépendante, elle l’a toujours été et elle le restera. Si ce paquet d’aide est d’actualité, c’est parce que malgré des audiences en hausse et des recettes en provenance des abonnements, la chute des recettes publicitaires des médias privés est vertigineuse depuis quinze ans. En effet, les revenus publicitaires de la presse sont passés d’environ 2,5 milliards en 2007 à environ 720 millions en 2020, soit une baisse de… 70%! La conséquence de cette baisse de revenus est que le nombre de publications en Suisse a été divisé par deux en trois décennies: de 350 titres à la fin des années 1980, on est passé à 170 aujourd’hui. De surcroît, l’emploi dans notre secteur d’activité est davantage sous tension que dans d’autres.

Aide vitale pour les médias

À partir de là, on peut comprendre pourquoi cette aide aux médias est bienvenue et nécessaire. Elle ne va avoir aucune influence sur le contenu de vos journaux; aucune influence sur l’aspect éditorial et rédactionnel; aucune influence sur un éventuel grossissement du portemonnaie de millionnaires zurichois ou d’ailleurs.

En revanche, elle va soulager sensiblement les médias suisses (en particulier les journaux de région comme le nôtre), suffisamment pour que ces parutions puissent consolider leur assise et faire ce qu’ils ont et auront toujours comme mission principale: vous informer bien sûr, vous divertir aussi, vous donner à réfléchir, susciter des débats, vous donner la parole, être un outil de cohésion sociale et jouer un rôle central et crucial pour la démocratie directe dans notre pays.

De surcroît cette aide va être bénéfique aux consommateurs et consommatrices des médias, c’est-à-dire vous. En particulier vous qui avez choisi de vous abonner à un (ou plusieurs) titre(s) de presse. Rappelons que ces mesures – limitées à une période de sept ans – sont réparties en trois volets: une augmentation de l’aide existante à la distribution postale, la mise en place d’une aide à la distribution matinale ainsi qu’une aide pour encourager les offres d’abonnement numérique. Oui, cette aide est vitale pour les médias de proximité, donc pour le Journal de la Région de Cossonay !

Pascal Pellegrino, Rédacteur en Chef
pascal.pellegrino@journalcossonay.ch

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