“Parce que l’art sauvera le monde” Fiodor Dostoïevski

(Re)découvrez les grands trésors artistiques de l’histoire.

Aujourd’hui: Bonaparte franchissant le Saint-Bernard, de Jacques-Louis David.

Qui n’a jamais vu cette représentation de Bonaparte au Saint-Bernard? Que ce soit sur une assiette, un vase, un timbre-poste ou en gravure, ses reproductions sont innombrables. Son origine remonte à 1800, lorsque le roi d’Espagne Charles IV, afin de marquer l’entente entre son royaume et la République française, passa commande d’un portrait du premier consul Bonaparte à Jacques-Louis David. À en croire la tradition, Bonaparte aurait demandé à David d’être peint «calme sur un cheval fougueux», en refusant toutefois de prendre le temps de poser pour le peintre. C’est donc à l’aide d’un buste sculpté, de l’uniforme et du bicorne que Bonaparte portait à Marengo et d’un mannequin de bois que David dû se débrouiller!

Son oeuvre, archétype du portrait de propagande, avec ce Napoléon sur son cheval cabré, crinière au vent, montrant du doigt la voie à ses troupes et à son peuple, est bien loin de la réalité. C’est en effet sur le dos d’une mule que Napoléon a passé le col. Toujours est-il qu’en plaçant son nom sur la toile au côté d’illustres conquérants que furent Hannibal et Charlemagne, bien avant que les plus grandes victoires napoléoniennes qui marqueront l’Histoire n’ait eu lieu, Napoléon avait un message à faire passer. C’est pourquoi il commanda trois exemplaires supplémentaires à David, qui furent exposés dans les diverses résidences et palais du futur Empereur. Une cinquième version existe, que David a réalisé pour lui-même et qu’il a gardée jusqu’à sa mort. Si ces versions diffèrent par certains aspects, c’est l’original qui est représentée ici, avec un Bonaparte chevauchant un cheval à la robe pie et portant une cape de couleur or. L’histoire des trajectoires de ces cinq tableaux pourrait à elle seule faire l’objet d’une chronique. Disons juste que certains furent pris comme butin par les vainqueurs de l’Empereur, que deux d’entre eux sont passés par les murs du château de Prangins, et qu’au final on peut les admirer aujourd’hui à Malmaison, Versailles, Berlin et Vienne.

Stéphane Raynaud

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