En ce vendredi soir, à l’intérieur de la salle de gymnastique tapie au bout du village, on n’entend que les exclamations d’une dizaine de joueuses et joueurs de badminton. Le chuintement de leurs semelles sur le sol orangé. C’est que, à la fois bon enfant et concentrées, les équipes de 3e et 5e ligue du club local sont en train de disputer leurs matchs respectifs. Dans ce sport mixte par excellence, elles se composent chacune de deux filles et trois garçons et livrent des rencontres acharnées, sans arbitre et sans contestations, entre des adversaires qui se félicitent volontiers et finiront par partager un repas joyeusement servi.

En même temps que la Grande salle

Sur la galerie, Jean-Claude Stucky et Vu Tran observent ces évolutions avec un œil d’expert et une paille d’émotion dans l’œil. «Quand nous avons commencé, jamais nous n’aurions pensé que tout cela prendrait de telles proportions. Tout s’est passé de fil en aiguille», lâche le premier nommé. Professeur à la retraite depuis 2019, cet ex-président d’un club lausannois de badminton vivait depuis trois ans à Vufflens quand l’occasion de développer quelque chose autour de ce sport s’est présentée dans la commune.

C’était en 1999, il y a tout juste 25 ans. La belle grande salle venait de se construire et il s’agissait de l’occuper. Autour de quelques familles, volants et raquettes ont alors pris possession des lieux. Pendant une dizaine d’années, chaque lundi, mercredi et samedi, des jeunes y ont grandi et progressé sous la houlette de quelques entraîneurs de valeur, dont le champion de Suisse David Perret. Et l’égide bienveillante de Jean-Claude Stucky et de Vu Tran, un électronicien qui s’est mis à ce sport à 45 ans avec la méticulosité qui le caractérise et a formé avec patience une myriade de jeunes pousses.

Mieux qu’Yverdon et Lausanne

Puis, «après quelques années, quelques juniors vraiment performants sont apparus», se souvient Jean-Claude Stucky. Que faire pour qu’ils restent et s’expriment dans une vraie compétition? Vu Tran sourit: «Jean-Claude avait beaucoup donné et commençait à être fatigué. Je lui ai déclaré que je serai «son petit doigt» et nous avons continué: nous avons créé le club.»

Avec la formation pour vocation, le BC Vufflens est né ainsi de cette promesse, un jour de 2008. Il compte aujourd’hui environ 80 membres venus de toute la région, dont 30% de juniors, et inscrit des équipes en troisième, quatrième et cinquième ligue. Accueille volontiers de nouveaux «badistes» et recherche notamment des femmes intéressées à jouer.

Non sans fierté, les deux fondateurs citent deux dates charnières, qui les étonnent encore. En 2015, le club est désigné meilleur club du canton pour les juniors, devant des cadors comme Orbe, Yverdon ou Lausanne. En mai 2022, une équipe est promue en troisième ligue, au détriment de communes souvent bien plus peuplées que la leur.

Tout n’est pas si rose pourtant quand on demeure un petit club. Des six juniors présentés au fil du temps pour entrer dans le cadre vaudois sports-études, à Yverdon, aucun n’a été accepté, sans explication convaincante. L’une de ces joueuses, Marine Bourqui, de Grancy, est pourtant devenue par la suite championne de Suisse, en intégrant le club de Lausanne…

Ail des ours et poulet braisé

N’empêche, les matchs continuent à emplir de vie la salle du bout du village, au gré d’un sport où s’allient souplesse, explosivité, placement. «Mais aussi politesse et respect de l’adversaire», ajoute Vu Tran. La preuve: ce vendredi, le repas traditionnel d’après-match réunit une vingtaine de convives et dure jusqu’après minuit. Jean-Claude a cueilli de l’ail des ours et un autre joueur entraîneur, Lindo, connu loin à la ronde pour ses dons de cuisinier, a amené du poulet braisé. Longue vie au BC Vufflens!

TEXTE & PHOTOS MARC DAVID

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